Au Pied du Mont Batcha – par Emmanuel De Spinoza
Je me mets ā poil
Le mont fait pipi
Au contact de l’eau claire et pure
Une sensation unique et bienheureuse
Monte et conquiert mon âme
La paix avec le terroir profond
Les ablutions avant le rendez-vous
La rupture avec la ville et ses maux
Les retrouvailles avec la mère éternelle
Chassée au galop par les paysages urbains
Les décors de désolation ces prisons modernes
Revêtu des attributs de la civilisation
Apres la renaissance de Nicodème ā la chute
La descente vers le sanctuaire
Du haut de Chadep la tour orgueilleuse
Le vaste panorama ā perte de vue
Un océan de vert maquille des tôles ondulées
L’infinie succession des collines verdoyantes
L’école et la chefferie joyaux architecturaux
Par endroit le village se couche dans un paisible berceau
Sous la vigilance des collines centenaires
Tantôt sur les mamelons du mont
Des champignons en terre battue entourée des bananiers
Sortis du sol volcanique par la main de l’homme
Le ciel est un vieillard accroché ā sa pipe millénaire
La fumée répand en une trainée de poudre
Qui enveloppe le local dans un drap blanc
Le mont vide par endroit sa vessie
Qu’il ne réussit jamais ā vider
La nature offre ses chastes beautés
Aux rayons des parfums des sons et des couleurs
En tenue de vers de terre me voici au temple
Des cauris du pistache neuf jujubes
De l’huile de palme une calebasse d’eau
Des branches de l’arbre de paix
Et un poulet blanc
Les yeux et la pensée complices
A genoux au milieu du bois sacré
Dominé par un silence olympique
Le moi derrière les barreaux
Ma voix se fait l’écho du village
Son envol vers les sommets
Graduellement elle monte grave
2011 pointe son sale nez ā l’horizon
Des gros nuages se bousculent convoitant
Une odeur de poudre se suspend dans l’air ahuri
Yah yah Kankoua yah yah Chapouo
Pour contrer les sauterelles du redoute
Yah yah Deuhalock yah yah Toumetio
Pour aseptiser les embuscades
Yah yah Belouck yah yah Nokema
Pour la paix et la fraternité
Soudain un grand bruit d’outre-monde
Pareil a un essaim d’abeilles
Mes se réveillent
Un grand feu lèche les victuailles
Au pied du mont Batcha
L’épée de Damoclès
L’heure est grave
Le son du cor des Camer
Sagesse et unité
Par Emmanuel Kouamou a.k.a. Emmanuel de Spinoza