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Genèse: Au commencement, il y avait un chasseur attiré par l’abondance de gibiers


À l’origine, les ancêtres des notables Za’ah Njué, Za’ah Tchop, Za’ah Kwa et Za’ah Ngah, considérés les « KEPS ZEH » ou autochtones de Batcha, faisaient parti d’une ancienne tribu appelée « Mbi ly ».

« Le pied de derrière suit toujours celui de devant » affirma l’invité pour ouvrir la séance ; comme pour dire que personne ne peut connaître ce qu’on ne lui a pas dit ou appris. Et que l’histoire qui est0 une connaissance très importante doit toujours se transmettre de générations en générations pour qu’on ne puisse pas perdre ses repères.

Le village Batcha est parmi ceux appelés « Leu piah », village autonome, indépendant, qui n’a pas été colonisé par un autre ou par qui que se soit.

Au commencement existait un monsieur du nom de TCHANANG chasseur de profession. Pendant qu’il parcourrait des kilomètres pour tendre des pièges, il arriva un jour au lieu dit Tchakou, qui, à cause du relief et de la forêt regorgeait beaucoup de gibiers. Il s’y installa provisoirement pour boucaner de la viande avant d’aller vendre ailleurs. Il y construisit d’abord des hangars et des tentes. L’importance des gibiers l’amena à s’y installer définitivement et il y construisit d’abord une case, puis deux et ensuite plusieurs. Attiré par les friandises et la viande, plusieurs femmes s’y rendaient et finirent par devenir les épouses du chasseur TCHANANG. Ils donnèrent beaucoup d’enfants et fondèrent une grande famille.

Un jour, arriva les blancs au Cameroun pour la colonisation. De passage à Tchakou, un blanc rencontre TCHANA et lui demande comment t’appelles-tu ? Comment appelle t-on ce village ?

Ne comprenant pas la langue du blanc, il répondit à toute question par la même expression à savoir : «  ce mah meh gah tchah jiogh » qui veut dire je vais visiter mes pièges. Ne comprenant pas aussi la langue de ce villageois, le blanc écrivit le mot Tcha dans son carnet et baptisa tout le territoire Batcha, qui peut être traduit aujourd’hui par village de pièges à gibier, ou simplement village de chasse. Car, connaissant tout le terrain, le chasseur contourna tout le village accompagné du blanc. TCHANANG devint ainsi le chef supérieur du groupement  Batcha qui, à l’époque avait pour unique territoire l’actuel Tchakou qui se trouve au sommet d’où part la cassade FIBI habité par les bororo et en limite avec les Bangou.

L’actuel Batcha centre (ou se trouvent la chefferie, le marché et ses environs) était habité par un peuple appelé « MBI LY » aujourd’hui appelé « KWAK » par les Batcha. A un moment TCHANANG commença à constater que son territoire devenait insuffisant pour lui et son peuple et commença aussitôt à chercher les voies et moyens pour l’agrandir. Intelligent qu’il était, une idée lui est venue en esprit et il décida de la réaliser. Entretenant des relations commerciales et de bon voisinage avec les « MBI LY » il dit un jour à leur chef qu’il était attaqué par ses voisins les Bangous et qu’il l’appelait à l’aide. Il alla jusqu’à lui dire la date que les Bangous lui avaient déclaré la guerre. C’est ainsi que gentil et hospitalier qu’il était, le chef des Mbi ly l’invita à y passer la nuit pour qu’ensemble, ils préparent un plan de riposte contre les Bangous le jour-j.

De retour à Tchakou, TCHANANG informa son peuple de son projet de piéger les MBI LY pour agrandir son village. La veille du jour-j, le chef des MBI LY sélectionna tous les jeunes et hommes forts (les soldats) et les envoya à Tchakou. Entre temps, TCHANANG avait fait construire trois grands foyers et préparer à manger pour les attendre. Les soldats arrivés, TCHANANG leur souhaita la bienvenue, les remercia au nom de son peuple et leur dit : «  je sais que vous êtes épuisés et que vous avez aussi faim. Comme nous sommes déjà prêts pour la guerre, nous allons tous ensemble ranger nos armes dans cette salle et nous scinder en deux groupes. Vous irez dans cette salle, tandis que nous dans l’autre, pour manger ce que les femmes ont préparé, se reposer afin de se lever de bonne heure pour prendre position et attendre l’ennemi. »

Les soldats tous logés dans la salle indiquée, TCHANANG ordonna d’y mettre du feu et les tua tous. Le lendemain matin, TCHANANG et ces propres soldats, munis des armes, se rendirent en guerre chez les « Mbi ly ». Ces derniers devenus vulnérables car n’ayant plus de soldat, fuirent ou se rendirent. Leur territoire fut ainsi envahi, arraché et ajouté au territoire des Batcha.

Quelques prisonniers furent arrêtés et devinrent par compensation de grands notables aujourd’hui, chef de troisième degré tel que Za’ah Njué, Za’ah Tchop, Za’ah Kwa. Ce sont les « KEPS ZEH » (autochtones) auxquels s’ajoute Za’ah Ngah descendant des Mbi ly lui aussi.

C’est ainsi que TCHANANG transféra sa chefferie de Tchakou pour l’actuel Batcha centre et plaça tous ces grands notables comme des sous chefs dans les différents quartiers. De Sa Majesté TCHANANG à Sa Majesté Kouekam, il y’a eu 14 générations de Roi Batcha.

Batcha Online – Contribution : Cet article est une partie d’un exposé recueilli au sein du foyer Batcha de Douala, au cours d’une réunion des Elèves et Etudiants Batcha de Douala (AEEBD) que dirigeait Mireille Njofang Chuanti, présidente de l’AEEBD 2007-2013. L’exposé est expliqué par Papa Kenmeni Pierre.

Connaitre Batcha (2e Partie) : Les grandes guerres de Batcha

Les nombreuses guerres dans lesquelles les Batcha ont été impliqués sont responsables de sa faible population.

En partant de Sa Majesté TCHANA jusqu’à Sa Majesté KOUEKAM, il ya environ 14 générations de souverains qui se sont succédé à Batcha. Toutefois, du premier Roi à l’actuel, le peuple Batcha a traversé six guerres à l’issue desquelles il est  toujours sorti victorieux.

La première guerre des Batcha fut celle de conquête initiée par Fo TCHANA contre les Mbi ly, une ancienne ethnie autochtone de Batcha, dont les descendants sont les notables Za’ah Njué, Za’ah Tchop, Za’ah Kwa et Za’ah Ngah, et qui sont appelés aujourd’hui les « KEPS ZEH » ou autochtones de Batcha. Cette guerre a permis à Fo TCHANA d’etendre son territoire, devenu trop petit pour sa population grandissante. Rappelons qu’à cette époque, Batcha était limité au quartier Tchakou, situé en altitude, d’où part la cassade FIBI, et atteint le groupement frontalier Bangou. Présentement, Tchakou est uniquement habité par les éleveurs Bororo.

La 2e guerre des Batcha fut contre le peuple Bana, autour des années 1900, en présence des colons Allemand de l’époque coloniale. Bana est un village avec une histoire impérialiste, d’où le sobriquet de Ne’e, qui peut être traduit comme « impérialiste ». Cette désignation serait récente et lui aurait été attribuée par les Banka à l’arrivé des Allemands dans la région. En faisant de Bana un poste administratif, les Bana avaient essayé de faire de Bana et Batcha un seul village ; les Batcha s’en étaient opposés farouchement et avec résistance sans faille. Pour mettre fin à la politique expansionniste des Bana, les villages voisins se sont constituées pour lui faire opposition. Cette strategie fut appuyé par les colons Allemands qui interdit toute nouvelle guerre aux Bana vers 1905, créant ainsi un froid entre l’administration Allemande et le Roi Happi 1er qui dû même perdre son trône avant de le retrouver plus tard grace aux actions de sa fille ainée, Mabouh (Les Notables Bamiléké de l’Ouest Cameroun : role et organisation dans les institutions traditionnelles).

La 3e guerre a eu lieu dans les années 1960, pendant la meurtrière guerre du maquis qui éclata au Cameroun vers 1957 et dura jusqu’à 1971, quand le dernier combattant de la résistance UPCiste fut capturé et exécuté. Le relief de Batcha étant propice pour se caché, et aussi parce que de nombreux Batcha étaient des hauts cadres et responsables de l’UPC, les résistants UPCistes avaient constitué à Batcha ce qu’il ya lieu d’appeler le « maquis de Batcha ». Les maquisards y avaient installé leur quartier général, pour la région de l’Ouest. Selon même certaines sources, Batcha était une des racines de l’UPC. Il est connu de sources officielles que les leadeurs du maquis tels Ernest Ouandié, exécuté le 15 janvier 1971 à Bafoussam, ou Nguefant Ambroise, homme de main et cuisinier de ce dernier, trouveront refuge à Batcha.

Afin de préparer une riposte sans merci aux maquisards regroupés à Batcha, l’état camerounais et son allié la France, s’étaient vu forcé en 1965, de disperser tous les habitants de Batcha avant de complètement raser tout le village à l’aide d’hélicoptères, mitrailleuses, et bombes pour éteindre le « Maquis de Batcha » devenu une vrai menace pour la survie du nouvel état.

Par conséquent, de 1965 à 1972, le village est déserté ; pas une seule âme n’y habite.     Lorsque le Roi Kouekam accède aux règnes en 1968-1969, pratiquement personne n’habite le village. Ce n’est que 7 ans plus tard, en 1972, que l’état camerounais décide officiellement d’autoriser un retour de la population à Batcha.

La quatrième guerre des Batcha s’est faite contre les Batchingou. En effet, du fait de l’abandon de leur territoire causé par l’exode totale due à la guerre du maquis au Cameroun qui a sévèrement handicapé le village Batcha particulièrement, les Batchingou ont voulu profiter de l’absence des Batcha de leur village durant sept années, pour essayer d’envahir leur territoire, et agrandir ainsi le leur. Dès leur retour au village à partir de 1972, et connaissant les limites de leur territoire, les Batcha, connu pour leur esprit guerrier, ont décidé de reconquérir leur territoire en expulsant tous les occupants étrangers. Ainsi, ils livrèrent une rude bataille contre les Batchingou qui a causée d’énormes pertes humaines.

À l’issue de cette bataille, les occupants Batchingou ont reculé jusqu’au delà de la trancher creuser par les Batcha à quelques kilomètres du mont Batcha. Cette tranchée sert de limite artificielle entre les 2 villages, matérialisant ainsi une frontière coutumière définie depuis les temps lointains.

La cinquième et la sixième guerre des Batcha ont eu lieu contre les Bana qui, comme les Batchingou voulaient profiter des sept années d’absence du peuple Batcha pour s’accaparer de son territoire. Mais une fois de plus de plus, et de façon définitive, les Batcha leur sont venus à bout avec l’intervention musclée, courageuse et de façon pacifique et judiciaire de cinq valeureux Batcha aux noms de : KENMENI Pierre Clovis (tête de fils, déclencheur du processus et le plus malin du groupe), NGANSO Jean dit «Wemba Teh » (l’intellectuel du groupe s’occupant de la procédure judiciaire), S.M. KOUEKAM Joseph (Roi des Batcha), ZA’AH TCHA MONTHE (Notable Batcha et propriétaire coutumier d’une partie du territoire litigieux), et enfin ZA’AH NJUE (Notable Batcha, et chef 3e degré du territoire litigieux).

Ainsi, ces différentes guerres, principalement celle du maquis au Cameroun, expliquent la faible densité de la population à Batcha et aussi le faible nombre des Batcha au Cameroun aujourd’hui, alors qu’auparavant, Batcha était compté parmi les villages les plus peuplés et les plus influent de l’Ouest, au point où son Roi de l’époque, FOUO NIETCHO, était invité et même supplié de venir arbitrer les conflits, en cas de besoin, dans les villages à forte concentration humaine de l’Ouest tels que : Bafang, Dschang, Bagangté, Bafoussam, Mbouda, et Foumban.

Aujourd’hui, bien que faiblement peuplé, selon les autorités de Batcha, son territoire est d’une superficie considérable. Le groupement Batcha est présentement situé dans l’arrondissement de Bana, département du Haut-Nkam et région de l’Ouest. Il est limitrophe à trois autres départements : le Ndé, les Hauts Plateaux et le Nkam. Les Batcha clament les 6 frontières historiques et coutumières de leur village comme les suivantes:

  • Frontière naturelle (cours d’eau appelé Tioh tcha) avec Bana.
  • Frontière naturelle (montagne portant une antenne radio) avec Bangou.
  • Frontière artificielle (tranché creusé par les Batcha) avec Batchingou.
  • Frontière naturelle avec Balengou.
  • Frontière artificielle (tranché) avec le Nkam.
  • Frontière naturelle avec les Badoumkassa.

A cause de l’importance de sa superficie, Batcha est subdivisé en 16 quartiers appelés « Kep la’ah » chacun administré par un chef de quartier.

# Quartier Chef
1 Deunghah
2 Djeusseup
3 Douck Mekep Nana
4 Moplah Zo’oh Beuh Chuèkou
5 Gouh Za’a Tchop
6 Ka’ala Sa Majesté  Joseph Kouekam
7 Keupout Sop Ta’a Kep
8 Koumbi Joseph Mangwa
9 Koutcha Za’a Kwa
10 Kwac Za’a Njuè
11 Langweu Za’a Ndjeu
12 Seukouk
13 Sockou
14 Tchakou (Batcha ancien) Sa Majesté  Joseph Kouekam
15 Tchop Za’a Ngak
16 Tchuiko’o Za’a  Tcha

Connaitre Batcha (3e Partie) : La reconstruction de Batcha depuis 1972

Nous pouvons dire que le développement du village Batcha a commencé sous le règne de Fouo Nietcho qui avait fait creuser avec les mains la route Bana – Batcha jusqu’à Batchingou. Comme autres œuvres de développement nous avons : la réfection de la route, du centre de santé, de l’eau potable, du foyer, de l’école publique, de l’électricité, du foyer royal … Ceci ont été réalisés sous le règne de Fouo Kouakep avec la participation et la contribution financière de tous les Batcha adultes.

Dans tout le département du Haut –  Nkam, malgré que le chef Batcha n’est que de 2e degré, il est le plus haut gradé et le plus médaillé parce qu’il est le premier à  être entré dans le RDPC et si tout le département est aujourd’hui membre du RDPC c’est grâce à lui.

En conclusion, au regard de tout ce qui précède, nous devons tous être fiers d’être Batcha encore que nous n’avons pas choisi de l’être.

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